Comment évaluer le contenu d’une narration enfantine dans une langue peu décrite et peu dotée ? Méthodologie et premiers résultats pour la Langue des Signes Française.
Mots-clés :
évaluation, langues des signes, développement, LSF, langage, oralRésumé
Contexte. Les orthophonistes en France accueillent des enfants usagers d’autres langues que le français. Certaines de ces langues sont peu décrites et peu dotées. C’est le cas notamment de la langue des signes française (LSF) : les outils dont disposent les professionnels pour évaluer les compétences langagières d’enfants signeurs sont peu nombreux. Cela s’explique en partie par la diversité et le caractère atypique des parcours d’acquisition de cette langue ainsi que les spécificités des contextes professionnels dans lesquels elle évolue (recherche, enseignement, orthophonie).
Objectifs. Dans cet article, nous exposons la méthodologie adoptée pour créer un outil d’analyse et d’évaluation de récits, utilisable par des chercheurs et des professionnels et modulable selon leurs besoins respectifs.
Méthodes. Des récits, élicités à partir d’un dessin animé sans parole, ont été collectés auprès de 18 adultes sourds locuteurs de la LSF pour obtenir un corpus de référence. Nous inspirant des approches usage based (« basées sur l’usage ») du langage et de son acquisition, nous avons répertorié l’ensemble des micro-unités d’information produites par ces signeurs, puis écarté celles produites par moins de 25% d’entre eux. À partir de cette grille, nous avons comparé les résultats obtenus pour ces 18 adultes sourds signeurs à ceux obtenus pour 18 adultes entendants non signeurs locuteurs de la langue française. Nous avons également analysé les récits de 29 enfants sourds âgés de 4 à 11 ans dont la LSF est la langue de scolarisation. Les descriptions et commentaires produits par les signeurs ont également été identifiés.
Résultats et conclusions. Nous suggérons que les écarts observés entre les récits des adultes sourds signeurs (en LSF) et des adultes entendantsnon signeurs (en langue française) soulignent la nécessité de prendre en compte la spécificité de chaque langue et de son usage pour la création de ce type d’outil. Au sein du groupe d’enfants sourds signeurs, une corrélation positive significative entre l’âge et le nombre de micro-unités produites, mais aussi entre l’âge et le nombre de descriptions et de commentaires, a pu être observée.
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